Carrières et réussite professionnelle des agriculteurs

Processus de transmission et trajectoires d’agriculteurs : entrer et sortir du métier

Les modalités de renouvellement des actifs agricoles se transforment, passant d’un modèle de transmission familiale où les agriculteurs embrassent le métier pour toute leur carrière, à des situations hétérogènes où le métier d‘agriculteur peut n’être qu’un temps dans la carrière, et où le choix du repreneur s’opère plus souvent qu’auparavant hors de la famille. Ainsi, l’âge moyen à l’installation s’établit à environ 30 ans en 2020, ce qui traduit le développement de détours professionnels avant l’entrée dans le métier. Puis en milieu ou fin de carrière, les reconversions deviennent significatives, en 2015 « 8500 chefs d’exploitations ou co-exploitants ont quitté leur statut avant 55 ans, soit 40 % des sorties totales » (actif agri, 2019). La mobilité professionnelle s’accroit et nous invite à réinterroger les carrières et processus de transmission en agriculture.

Processus d’entrée dans le métier d’agriculteur. Comment entre-t-on dans le métier, quels sont les dispositifs mobilisés par les nouveaux agriculteurs, leurs ressources ? L’inscription sociale locale des projets facilite-t-elle le processus d’entrée ? Comment mieux caractériser les agriculteurs et leurs parcours quand ils s’installent hors des dispositifs aidés ? Quel est le rôle du salariat pré-installation dans la construction de compétences professionnelles et dans l’élaboration d’une façon de concevoir et de pratiquer son métier ?
Processus de reconversion : comment articuler mobilité professionnelle et transmission ? Comment les modalités d’installation, d’exercice du métier expliquent les processus de départ en cours de carrière (en particulier le rôle des collectifs de travail, des secteurs productifs) ? Comment ces modalités de départ impactent-elles le processus de transmission du métier et des exploitations ? Quels appuis sont mobilisés, dans la profession, dans les cercles familiaux ou locaux pour se reconvertir ? Quelles sont les dispositions professionnelles que les agriculteurs forgent dans l’exercice de leur métier et qu’ils remobilisent ensuite ? Il s’agit d’approfondir le travail engagé en 2020-21 autour de la description de la diversité des trajectoires de départ et de reconversion, afin d’améliorer l’accompagnement des carrières d’agriculteurs et le processus de transmission des exploitations agricoles. La compréhension des raison et modalités de sortie du métier permet aussi d’identifier ce qui compte pour rester dans le métier.

Ainsi, la mobilité professionnelle s’accroit et devient une composante importante des enjeux de transmission et de renouvellement des actifs.

Réussir en tant qu’agriculteur

Alors que les actifs agricoles peinent à se renouveler, que les façons d’exercer le métier se diversifient (sur les plans des collectifs de travail, des rapports à l’équipement, des modèles économiques, de l’inscription dans les territoires et les filières), alors que les revenus apparaissent très hétérogènes en agriculture, quels sont aujourd’hui les ressorts de la réussite professionnelle en agriculture?

Diversité des modèles de réussite professionnelle: il s’agit ici de caractériser la diversité des façons de concevoir et de mettre en œuvre le métier d’agriculteur. Différentes composantes méritent d’être mieux décrites : les rapports aux revenus et à la capitalisation des agriculteurs, leurs conceptions de leur rôle social, la diversification de leurs activités, les statuts juridiques adoptés et les formes de financement mises en œuvre ; leurs rapports à la santé au travail, aux équipements ; la façon dont ils construisent des liens avec d’autres acteurs du territoire. In fine, il s’agit de relier la diversité des modèles de réussite à leur sentiment de bien-être et à différents modes d’engagement dans la transition agro-écologique.
Comprendre les ressorts de la réussite professionnelle. Il s’agit ici, de situer ces modèles professionnels : certains contextes territoriaux, économiques ou sociaux participent-ils à la différenciation des modèles agricoles ? Quelles sont les ressources pour réussir et s’épanouir dans le métier d’agriculteur ? Comment les liens que les agriculteurs établissent avec d’autres acteurs du territoire s’articulent-ils avec la création de valeur dans les exploitations ? Le travail pourrait s’intéresser aux choix et aux partenariats singuliers développés par certains agriculteurs pour réussir (ex : mobilisation de ressources et de partenariats hors secteur agricole, insertion sociale locale et hors de la profession, etc.). Ce projet pourra enfin alimenter une réflexion plus large sur les modalités d’accompagnement de cette diversité de publics.

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