Si l’on connait bien les caractéristiques technico-économiques des exploitations agricoles par la collecte régulière de données sur les fermes, il existe peu d’informations sur les agriculteurs eux-mêmes. Pourtant, il s’agit d’un groupe en transformation et l’on peut facilement imaginer que leur changement de profil influe sur leur projet d’installation et plus encore sur la manière d’exercer leur métier.
Les agriculteurs sont encore souvent des enfants d’agriculteurs (85 % du groupe en France), mais les origines sociales sont plus diverses chez les nouveaux installés qui n’ont souvent pas grandi sur une ferme (38% des nouveaux installés en 2020 n’ont pas de parents agriculteurs selon l’observatoire Transmission-Installation en Pays-de-Loire). Le niveau des formations augmente aussi et ce phénomène ne s’est pas limité à la période de la modernisation agricole des années 1960 : alors que 82 % des agriculteurs n’avaient aucun diplôme ou uniquement le brevet des collèges en 1982, ils ne sont plus que 14 % en 2019. C’est là encore un phénomène plus marqué chez les nouveaux installés. Les formations initiales se diversifient aussi: pas toujours agricoles ou d’abord agricoles. L’âge à l’installation recule car les agriculteurs laissent davantage de place aux expériences professionnelles dans le secteur agricole ou ailleurs. Enfin, les reconversions professionnelles se multiplient et des personnes qui ne se destinaient pas a priori au secteur agricole, soit parce qu’elles n’étaient pas nées dedans, soit parce qu’elles ne s’étaient pas formées dans ce secteur initialement, décident d’embrasser une nouvelle carrière et en même temps un nouveau projet de vie.
Principaux résultats :
- Les NIMA (non issus du milieu agricole) ont fréquemment une socialisation agricole, via une formation initiale ou continue ou grâce à une ascendance familiale agricole (Samak; Mazaud et Sureau).
Les néos-agriculteurs en maraîchage biologique se maintiennent à distance des organisations professionnelles agricoles « créant les conditions d’une autonomie relative vis-à-vis des normes dominantes de la profession » (Samak) - Les stages et les emplois sont un passage quasi systématique avant l’installation et constituent des expériences jugées parmi les plus utiles pour la pratique du métier, obligeant à se confronter à une diversité de systèmes et de pratiques agricoles (Mazaud et Sureau).
- Par les expériences professionnelles pré-installation on acquiert: des compétences techniques, des compétences transversales, des connaissances sur l’organisation de la filière et l’environnement de l’exploitation agricole, mais aussi du réseau qui facilite l’installation et des goûts et dégoûts qui orientent les pratiques professionnelles une fois installé (Mazaud et Sureau).
- L’accompagnement des porteurs de projets s’adapte aux nouvelles attentes: stage parrainage pour assurer la transmission progressivement, droit à l’essai (Séchet), espace–test et stage paysan créatif pour aider à l’installation dans le territoire et portage d’activité (venu de l’ESS) pour aider au montage et à l’amorçage du projet (Baron)
Synthèsede l’atelier-conférence sur les effets des expériences professionnelles pré-installation