Les Paiements pour services environnementaux (PSE) : comment construire de nouveaux marchés entre agriculteurs et entreprises ?
L’intérêt de la chaire Mutations agricoles pour les dispositifs de PSE tient à plusieurs constats. D’abord, nos enquêtes auprès d’agriculteurs montrent un engagement des agriculteurs dans des formes diversifiées d’écologisation de leurs pratiques. L’approfondissement de ce mouvement est moins un enjeu culturel, de sensibilisation, qu’un enjeu d’intéressement, de valorisation. Ensuite, les dispositifs existants pour promouvoir l’écologisation des pratiques sont perfectibles. Les dispositifs de filière (AB) ou publics (MAE) qui rétribuent les pratiques vertueuses pour l’environnement concernent une fraction limitée d’agriculteurs ou de pratiques. Enfin, dans ces dispositifs, les agriculteurs n’ont pas la possibilité de contribuer à la définition des pratiques pertinentes, ajustées à leurs contextes et aux enjeux environnementaux de leurs territoires. Leurs savoirs pratiques sont négligés, ils ne sont pas invités à s’engager comme acteurs de ces dispositifs. Les PSE semblent donc un moyen pour les agriculteurs de reprendre la main auprès de différents acteurs, dont des entreprises, comme le témoigne un retour d’expérience sur des dispositifs contrastés de PSE (LabPSE et Solenat).
Principaux résultats :
• Les PSE apparaissent comme des opportunités de dépasser les limites des MAE relatives au calcul de la rémunération, à la durée du contrat et à l’échelle d’intervention (collective / individuelle) (P. Dupraz).
• La mise en œuvre des PSE suppose de concevoir 4 dimensions du dispositif : définir le service environnemental, établir le niveau de paiement, s’engager sur un résultat environnemental et concevoir un dispositif de paiement associé, valoriser les effets sur l’environnement d’emprises spatiale et temporelle élargies (P. Dupraz).
• La conception de marchés de SE suppose de travailler autour de 3 dimensions : la confiance et la crédibilité des contrats; l’efficacité du dispositif; l’échelle des projets (B.Thareau)
• Sur ces dimensions, les dispositifs de PSE émergents sont contrastés, comme en témoignent Solenat et Labpse (gouvernance, SE visé, échelle…).
• Dans tous les cas, l’établissement de liens avec des acheteurs est un travail nouveau, qui mobilise des connaissances, des réseaux, des savoir faire à construire pour les agriculteurs.
• Au final l’analyse concrète des PSE en train de se faire interroge la notion de marchandisation des services environnementaux… n’assiste-t-on pas à la définition locale d’un bien commun mobilisant de spartes territorialisées, et bien souvent, en arrière plan ,la puissance publique ? (C. Darrot)